La crise est-elle un état d'esprit ?

Le (r)éveil - Station de métro - Mai 2011


Certain-es insistent sur l'idée que "la crise est un état d'esprit et que les gens attendent qu'on leur dise que cela ne va pas". 

Que répondre en employant des mots justes? 

La crise est économique, sociale et démocratique: c'est une réalité concrète, du vécu, des souffrances qui impactent quasi toute la population. 

Tout d'abord, dans l'entreprise, au quotidien, qui fonctionne encore en "flux tendus" pour toujours plus de profit à court terme, escamotant par là même une croissance au long terme qui intègre, elle, de nombreux paramètres déjà cités avec notamment la prise en compte du lien de causalité entre climat social et productivité.

Hors entreprise, et sans polémiquer, la situation sociétale s'est aggravée depuis 2007, et à tous niveaux.

Donc, non, les gens n'attendent pas qu'on leur dise que cela ne va pas puisqu'ils le vivent au quotidien.

Les gens, devenus extrêmement lucides et critiques, veulent qu'on les entendent enfin "pour de bon" et qu'on leur propose des alternatives réelles. 

Et à tous niveaux.

Tout le monde est concerné.

Simple rappel d'un précédent message, extrait d'une enquête que vous pouvez retrouver  ici http://www.chefdentreprise.com/Breves/La-crise-n-est-plus-seulement-economique-pour-93-des-dirigeants-35962.htm?sms_ss=viadeo&at_xt=4cd670e669360316,0

"88% des dirigeants considèrent en effet que leur entreprise évolue dans un contexte de crise depuis ces trois dernières années. Mais leur perception de la crise va au-delà des notions économiques, pour toucher désormais la problématique de création de valeur (à 93%). Les dirigeants pensent en effet qu’ils doivent revoir leurs modèles traditionnels. Quatre patrons sur cinq affirment que le rôle social de l’entreprise est déterminant dans la création de valeurs. Presque tous s'accordent à dire qu’une stratégie porteuse de sens collectif et individuel est nécessaire."

Les dirigeants d'entreprises ont compris le message mais 15% d'entre eux n'auraient pas les moyens en interne, dit autrement, le budget, pour accompagner cette mutation.
Alors, que faire?

Une piste serait à étudier que j'ai maintes fois évoquée: l'entreprise fait bouger la société et réciproquement.

C'est alors que sera lancé le fameux "Au travail, alors ?!"

Oui, certes. Mais surtout plus n'importe comment. Ni avec n'importe qui.

Le contexte mondial évolue de plus en vite laissant la France face à une double sauvagerie:

1. " Nous sommes en guerre. Oui, un système financier mène une guerre à ce qu'il y a de civilisé dans nos sociétés. La sauvagerie de ce système détruit les bases mêmes d'une société civile cohérente" nous dit Jacques Julliard de l'hebdomadaire Le Nouvel Observateur.

Je constate quotidiennement et partout cette idée, comme le constate tout un chacun.

2. Une autre sauvagerie est aussi à désamorcer: la sauvagerie lepéniste ou dit autrement se voulant contre le soi disant appareil "umps".

Cette sauvagerie est d'autant plus sournoise car elle se cache derrière un masque habilement critique du dit système actuel français mais n'apporte que divisions, absence totale de solutions alternatives crédibles, viables & surtout justes pour tous avec, en sus, sa cohorte d'idées nauséabondes maladroitement dissimulées qui font et feront toujours sa boutique telles que la haine et le rejet de l'autre, le racisme et l'antisémitisme.

La vitrine du FN a changé avec Marine Le Pen, pas la boutique: ici, pas de morale, juste une simple piqûre de rappel.

Deux sauvageries sont prêtes à tout pour déchirer en lambeaux notre tissu social déjà bien mal en point.

Mieux vaut prévenir que guérir.

Cela sera-t-il suffisant pour éviter des matins qui déchantent ?

Peut-être que oui, au final et ce, sans la jouer optimiste ou crédule mais à l'inverse authentiquement attentif, à l'écoute du peuple et pragmatique.

Pourquoi?

Car une chose est sûre: le peuple vivant en France sature et ne veut plus se tromper ou être trompé.

Comme jadis en 2007 et/ou depuis l'annonce des 15% de votes favorables au FN, votes
ponctuels surfant davantage sur un profond désarroi que votes de convictions.

Dit autrement; les hésitants, les intègres, les rebelles, les blasés, les lassés, les fatigués, les allergiques au Politique et les laissés pour compte seront de moins en moins dupes des discours pansements et/ou des discours populistes.

Leur (r)éveil ouvrira et ouvre de facto une large avenue aux partis modérés qui sauront prouver tant par leurs paroles que par leurs actes passés, présents et à venir que le courage de faire advenir une authentique démocratie pour tous fait partie de leur programme.

"Ce qui est principiel, c'est le lien entre les principes démocratiques, purement déclaratifs en dernière instance, et les pratiques démocratiques" nous rappelle encore Cynthia Fleury, philosophe et chercheur contemporaine.

Le corps social tout entier clame & s'inscrit déjà dans ce mouvement qu'il appelle de ses voeux pour en vivre enfin les réalités dans et hors l'entreprise.

A méditer.

Et peut-être, à suivre de très près.

Anne Verron
Consultante RH, Captatrice de tendances, Sociologue, Photographe d'art

http://www.photographieshumanistesanneverron.com

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