L'impopularité de François Hollande : info ou intox ?

Perspective libre - Rue de Seine - Mars 2013

L'impopularité de François Hollande : info ou intox ?

LE CERCLE. L'état de la France dont a dû s'emparer François Hollande et ses équipes n'était guère reluisant. Comment dire l'état du pays sans faire paniquer l'opinion ? Comment tenir toutes les promesses électorales ?

Nous sommes tous des gens ordinaires uniques : osons enfin être. Est-ce ici une idée banale, galvaudée, devenue à la mode, très bisounours, indécente, dérangeante, ou au contraire audacieuse voire salvatrice en ces temps moroses ? De nombreuses et illustres figures historiques issues jadis du courant humaniste, toutes disciplines confondues, l'ont souvent portée. Et moi avec beaucoup d'autres également, aujourd'hui.
Le contexte
Une idée a germé, qui avait déjà germé en son temps, et qui sort de terre de nouveau avec beaucoup de vigueur et un élan hors du commun car répondant en écho à un désarroi contemporain colossal. Cette idée, c'est une certaine vision de l'existence qui n'est pas marginale, mais bien au contraire, portée à bout de bras par des passeurs qui, déjà dans le passé, ont su parler au plus grand nombre; et pour cause. Nous avons compris, et à notre insu parfois, que nous pouvions nous sentir appartenir à une véritable autre "famille" de coeur résonnant raisonnant : une famille qui aime profondément l'humanité en étant dans une posture bienveillante et sans se départir de son esprit critique ni de son libre arbitre. Pour une multitude d'individus aujourd'hui, et plus encore demain, ceci ne signifie pas idéalisme utopique mais conviction profondément ancrée et réaliste car forgée de par des vécus, expériences, lectures, activités et rencontres divers selon chacun(e) et de tout ordre.
Certains d'entre vous s'interrogent peut-être sur qui je suis dans le fond. Ce n'est pas par volonté de faire mon auto promotion mais à l'inverse afin de mieux faire passer le message que j'explique ici ce qui me fait "oser être". J'ai bel et bien deux casquettes.
1. L'une artistique : je souhaite transcrire à travers l'image ce que nous sommes. Un regard humaniste qui veut témoigner de mon époque. Ma sensibilité s'inscrit dans la vie qui vibre. "Photographier, c'est mettre dans la même ligne de mire l'oeil, la tête, le coeur et son instinct".
2. L'autre, clairement orientée recherche-action rh et sociétale : je souhaite faire partager mes réflexions, toutes régulièrement publiées sur mon blog Accompagner le changement, en position leader sur Google depuis 2010, sur la conduite du changement dans les organisations et la société, étoffées par celles de nombreux autres, experts et passants/passeurs de tous genres, avec quiconque est intéressé(e) : des citoyens lambda, salariés ou non aux managers, décideurs, dirigeants etc.
Je suis profondément motivée et enthousiaste pour faire évoluer notre système. Comme d'innombrables autres le font déjà à travers le monde. C'est ambitieux, audacieux et c'est possible. 
Les convictions
Nombreux sont ceux qui sont convaincus des bienfaits de la prise de recul par rapport à tout jugement de valeur portant tant sur des personnes que sur des théories, faits ou situations afin d'en avoir la vue la plus juste, impartiale et honnête et donc la plus fructueuse car la plus complète. Et tout autant persuadés des apports bénéfiques de tout débat réel débouchant sur un partage authentique d'idées et d'expériences fédératrices porteuses de projets prometteurs mis alors en commun pour vraiment avancer.
Pour se faire, il semble essentiel de donner la priorité à une nécessaire synthèse non globalisante certes, mais avec cependant une vision s'appuyant sur une perspective devenue incontournable aujourd'hui, caractérisée par une approche réaliste, multidisciplinaire, respectueuse à la fois des singularités et des spécificités différenciées de tous les membres et donc aussi par conséquent, des multiples champs et problématiques traversant toute organisation.
Ces convictions semblent être non seulement innovantes, mais surtout les seules issues pour sortir à court comme à long terme du tragique début du XXIème siècle. Pourquoi ? Car ainsi, l'individuel et le collectif se concilient, l'articulation entre les deux, bien distincts par ailleurs, pouvant, et même, se devant de trouver des intérêts et des objectifs convergents. Cette perspective est le seul devenir de toute organisation afin qu'elle ne reste pas sur le bord de la route.
Les nécessités économiques et sociales, et aussi politiques, n'excluent en rien l'humain qui y a toute sa place. Une phrase credo résume cette démarche : "valoriser l'humain par les faits et par nos pratiques tout en tenant compte de la réalité socio-économique : soyons novateurs." Cette innovation nous attire chacun(e), c'est plus fort que nous. On sent bien qu'il y a là une vraie vérité derrière cet appel "osons être enfin." 
Pourquoi "oser être" va devenir le credo de demain
1. Car les mentalités évoluent et que les temps changent.
2. Car aujourd'hui plus qu'hier encore, ceux qui ont un travail ne veulent plus gagner leur vie à la perdre et que ceux qui n'en ont pas, pas encore du moins, ne sont pas dépourvus de ressources, ni d'esprit critique, ou de réseaux, de combativité, d'opiniâtreté, de liberté de penser et d'espoir peut-être victorieux à terme.
3. Car tout le monde est d'accord, et ce au-delà des querelles de clocher politiciennes ou de lobbies; pour s'unir et voir émerger un nouveau rapport au système, à l'autre, voire à soi-même, et non pas qu'à sa propre conscience tranquille.
J'ai envie de vous faire part d'un retour d'expérience et de réflexion sur une étape de mon parcours professionnel qui vous interpellera peut-être.
En 1995, alors au chômage, j'ai étudié, agi, réfléchi et proposé des pistes de solutions dans le cadre d' "une formation expérimentale de cadres sociaux responsables de la mise en oeuvre d'une politique globale contre l'exclusion" à l'IRTS, formation composée d'une douzaine d'élèves pour lesquels elle faisait profondément sens à titre individuel dans l'objectif visé en commun.
La plupart, mais pas tous, étaient expérimentés et intervenaient déjà dans l'action sociale, chacune et chacun étant porteur dans cette formation de projets très divers, par exemple, la parité Hommes Femmes, projet porté par la fille du célèbre et très populaire astrophysicien Hubert Reeves, moi-même ayant choisi la lutte contre l'exclusion et la réinsertion de la population des SDF. Ce thème de projet fut délibérément choisi suite à une prise de conscience caractérisée par une vraie indignation devant les inégalités sociales dans un pays riche qui laisse sur le bord de la route des individus, suite à un ensemble de paramètres tant économiques, sociaux, familiaux que politiques.
Un exemple, et le plus courant ? Une perte d'emploi et de conjoint(e) du coup effrayé(e), et ce survenant en même temps, une absence de lien familial fort qui prenne le relais débouchent sur une absence de toit. Parce que je savais que cette situation peut arriver à tout le monde ou à l'un de ses proches, un engagement solidaire était devenu pressant. Aujourd'hui, plus qu'hier encore, absolument plus personne n'est indifférent à cette situation alarmante. Sur le terrain de l'action sociale, les initiatives et les compétences de beaucoup sont nombreuses et diversifiées. Dans le cadre de ce projet pour la réinsertion économique et sociale des SDF, j'ai réalisé un certain nombre d'actions et proposé des pistes de réflexion.
Personne ne souhaite devenir sans toit. Cette perspective fait froid dans le dos. Je ne cherche pas à provoquer délibérément. Ni à vous faire recroqueviller sur votre quant-à-soi. Il est normal d'entretenir avec soin les fondations de son existence avant de chercher à contribuer à améliorer celles d'autrui. Je souhaite simplement qu'après vraie prise de conscience, vous regardiez autour de vous et ouvriez les yeux.
1. Combien d'étudiants dorment encore dans leurs voitures ? Ou travaillent la nuit pour étudier le jour ? Ou sont acculés à vivre jusqu'à 30 ans sous le toit familial les empêchant de prendre leur envol d'adulte ?
2. A combien se chiffre le nombre d'actifs précaires ne pouvant alors du coup pas trouver de logement ? 
3. Que dire des miles accordés sous le précédent quinquennat 2007/2012 par les compagnies aériennes aux forces de police, miles gages de beaux voyages au soleil pour eux et proportionnels au nombre de clandestins qu'ils leur "fourguent", accord conclu en haute sphère sarkozyste jadis ?
L'impopularité de François Hollande est une bombe à retardement à désamorcer impérativement
Les exemples sont nombreux et honteux. Oui, j'ai honte, et vous ? La peur appelle la peur, en boucle. Peur facilement désamorçable pourtant. De 2002 à 2012, il n'y avait qu'une réponse, à courte vue, qui embrigadait, excluait et étouffait : le tout sécuritaire qui cherchait à satisfaire les réflexes primaires de méfiance. Le lien social était en péril.
Le gouvernement actuel est certes impopulaire, et sans nul doute, injustement. L'état de la France dont a dû s'emparer François Hollande et ses équipes n'était guère reluisant. Comment du coup tenir toutes les promesses électorales faites quand l'abîme hexagonal constaté et hérité est si désastreux ? Comment dire l'état du pays sans faire paniquer l'opinion ? Comment ne pas le dire et préférer agir au risque d'être impopulaire, quitte à se dévouer non pas au culte marketing de sa propre personne présidentielle dont Nicolas Sarkozy fut le champion sanctionné, et lui préférer de s'attaquer avec un courage trop peu salué au redressement de notre pays ? 
C'est ici, et au plus haut niveau, l'incarnation de l'individualisme alter et non de l'individualisme égotiste. L'individualisme égotiste a accouché d'un des maux les plus terribles : l'indifférence puis aujourd'hui en 2013, la colère. Que faire alors ? Rester indifférent ou sombrer dans la colère, nous laissant, au mieux, mauvaise conscience ou envie d'en découdre, ou choisir consciemment la vraie fierté d'être un digne citoyen descendant du siècle des Lumières agissant pour un lien social réconcilié et donc sauvé ? Le philosophe Vauvenargues, ami de Voltaire, nous offre sa plume pour nous guider :
" Ceux qui méprisent l'homme ne sont jamais de grands hommes ".
" Le désespoir est la plus grande des erreurs ".
" Le courage est la lumière de l'adversité ".  
" Nous sommes trop inattentifs ou trop occupés de nous-mêmes pour nous approfondir les uns les autres ".
" Ce n'est pas un grand avantage d'avoir l'esprit vif, si on ne l'a juste. La perfection d'une pendule n'est pas d'aller plus vite, mais d'être réglée ".
" Il arrive souvent que l'on nous estime à proportion que nous nous estimons nous-mêmes ".
" La clarté orne les pensées profondes ".
" Les grandes pensées viennent du coeur ".
" Ceux qui croient n'avoir plus besoin d'autrui deviennent intraitables ".
" Le sentiment de nos forces les augmente ".
J'ajouterai une maxime de mon cru : "Les grandes pensées viennent du coeur résonnant raisonnant."
L'appel au discernement de tous pour des lendemains meilleurs
J'ose une idée, une alerte, un appel. Notre système actuel, sa gouvernance et leurs images auprès de l'opinion étant tels qu'ils sont pour le moment, me laissent à penser que les réseaux sociaux traditionnels et novateurs existant déjà dans le champs de l'intervention sociale, voire dans tous les autres champs d'action collective ayant impact et influence sur notre système, se doivent de rapidement se rencontrer, se fédérer pour une action collective d'envergure visant à réellement et concrètement agir, entre autres, pour épauler les efforts entrepris par le pouvoir en place et souvent incompris par l'opinion.
Les médias ont aussi un rôle à jouer. Les lignes éditoriales collées à l'air du temps et donc à l'impopularité du gouvernement actuel leur permettent certes des marges de vente assurées mais ces médias devraient réfléchir à deux fois à ce qu'est leur rôle :
1. soit ils endossent un rôle purement mercantile et préparant des lendemains terribles pour notre pays car ouvrant la voie aux populismes qui utilisent déjà ces colères,
2. soit ils se font relais réels d'informations et soucieux d'éclairer sans partisanerie leur lectorat ouvrant de fait la voie à des lendemains plus démocratiques, "transparents" et "paisibles".
A tous niveaux, individuels comme collectifs, soyons audacieux, courageux, solidaires, dignes descendants du siècle des Lumières : réagissons, réfléchissons, résistons, agissons, fédérons. Pour conclure, je cite Willy Ronis, grande figure de la photographie humaniste, à qui l'on posait la question suivante :
En 1944, lorsque vous rentrez à Paris, vous gardez votre foi en l'homme. Vous auriez pu faire des photos des lâches et des salauds…
" Il y avait de la matière. Mais ce n'est pas ce qui m'intéressait. J'étais témoin, je n'avais pas envie de faire de la dénonciation. Le témoignage suffisait déjà. Je ne voulais pas rajouter de l'indignité à l'indignité. J'ai mes qualités et mes faiblesses. Mais, tout compte fait, je n'ai pas trop à rougir de mon passage dans la vie. Même la guerre n'a pas altéré mon optimisme foncier. Je ne crois pas en la perfectibilité de l'homme, non, mais il y a suffisamment de braves gens pour que l'on n'ait pas à désespérer. Je veux croire que les hommes seront assez sages pour organiser la société afin qu'elle fasse le moins de mal possible."
Alors, oui, osons enfin être. Il est plus que temps. L'ère où l'humain ne sera plus bafoué ne fait que commencer.

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