Réinventer une vraie démocratie, ensemble, indépendamment des clans partisans: est-ce possible ? Oui, avec Europe Créative.


Ah oui ?! - Place Edgar Quinet - Avril 2009

"Notre exigence d’indépendance nécessite ici une vigilance accrue et notre démarche ne vise pas à produire du consensus dans une unité idéologique néolibérale de droite, de gauche ou du centre, comme le pratiquent une majorité des Think Tanks parisiens de tendance diverses" souligne Rémy Degoul, président fondateur d’Europe Créative.

Source: http://www.europecreative.eu/demarche/

"Europe Créative est une boussole et une nouvelle balise en réponse à la désorientation et à la perte de sens qui gagnent toutes les sphères des sociétés européennes." Rémy Degoul, président fondateur d’Europe Créative.

Le constat et le contexte

Tout au long de notre histoire, des hommes et des femmes ont manifesté avec courage leur capacité à résister et à se mobiliser. Ils ont su défendre avec conviction leurs idées et choisir le pouvoir de l’initiative au lieu de tomber dans le cercle négatif de la passivité et du chacun pour soi.

L’actualité dans les pays arabes nous démontre plus que jamais cette capacité de chaque individu à se réveiller et à incarner la résistance face aux injustices et aux atteintes à la liberté et à la dignité des personnes.

Comme le rappelle le sociologue Georges Gurvitch, le social et les modèles de société que nous appelons de nos vœux relèvent aussi de l’action d’individus responsables.

Une démocratie fatiguée et une démocratie représentative de moins en moins représentative qui ne représente plus qu’elle-même et ses seuls intérêts… ?

La demande collective en effet ne rencontre plus une perspective, une offre politique, une alternative crédible qui rassureraient une grande partie de nos concitoyens. En France comme en Europe la crise de confiance et le ressentiment d’une grande partie de l’opinion ne cessent de se creuser vis-à-vis des institutions et de ceux qui les servent et les incarnent. Face aux dénis démocratiques et de responsabilité où une certaine oligarchie excelle dans la manipulation de notre démocratie d’opinion, la question de la « repolitisation » et de la participation du citoyen à la « chose publique » est capitale.

La démocratie, le citoyen et le politique

L’idée communément admise et en partie fondée, est que les citoyens ont les institutions et la classe politique qu’ils « méritent », car l’engagement, le discernement et l’implication civique feraient souvent défaut.

S’abstenir en effet de faire l’effort de réflexion propre à analyser et remettre en cause de façon pertinente les promesses et autres discours démagogiques d’une grande partie de la classe politique ou remettre à d’autres notre propre responsabilité de citoyens participe effectivement de la déliquescence de nos valeurs et de la démocratie.

Attendre commodément, indifférent ou replié sur soi même et sa sphère privée, tout ou rien du politique, est irresponsable et facilite de facto la contagion des crispations identitaires et des dérives nationalistes et xénophobes.

Enfin, l’inattention des uns pour les autres qui gagne toutes les sphères des sociétés atteint des sommets, où l’on voit des experts et une grande partie des serviteurs de l’État protégés, méconnaître ou oublier les réalités quotidiennes des gens.

On peut aussi regretter une certaine marginalisation de la France sur la carte du monde et son relatif déclin intellectuel dans les principaux lieux de pensée mondiaux. Déclin dû, en grande partie, au manque de curiosité de l’autre, à la méconnaissance d’autrui et à des mentalités restées foncièrement ancrées dans l’espace national.

Se soucier d’autrui et de nous mêmes

« Le progrès social devrait être le but central de toute politique nationale et internationale », Déclaration de Philadelphie, mai 1944.

Ce beau texte, oublié depuis, voulait faire de la justice sociale l’une des pierres angulaires de l’ordre juridique international. Cette digne ambition pourrait à nouveau servir de socle de référence à l’action politique et citoyenne, au plan local comme au plan national et européen, et devrait nous amener à reposer la question du sens du bien commun, de l’intérêt général et de son incarnation par l’État, les pouvoirs publics et les citoyens.

Un peu partout dans le monde, des hommes, des femmes et des enfants souffrent de conditions de vie dégradées, d’atteintes à leur dignité, d’inégalités sociales, de chômage, d’absence de libertés et de démocratie, de manque d’avenir… Dans le même temps le rouleau compresseur de la mondialisation et la transformation du capitalisme mondial sont en marche, avec des enjeux considérables en termes de contrôle et de stratégie.

La planète vit un moment de bascule où les vieilles idées, les vieilles idéologies doivent être jetées au placard. Ce bouleversement nécessite de profondes mutations culturelles, mentales, organisationnelles où l’éducation, l’innovation, l’imagination et la participation doivent être des priorités nationales et européennes.

Comme le souligne le sociologue Michel Wieviorka : « la société attend et a besoin d’individus et de citoyens actifs qui savent réfléchir, analyser les situations, proposer des alternatives et des idées pour nourrir un nouveau projet de société. » À cet égard, aucun projet de société ne saurait être viable sans le concours actif de nos concitoyens; et abandonner la réflexion et la proposition aux seuls experts et élus concourt de fait à la désagrégation sociale, économique et civique.

Il s’agit bien, en France et en Europe, d’approfondir notre réflexion afin de bousculer nos grilles d’analyse et nos comportements, de participer à l’élaboration de nouvelles grilles de lecture et d’être en capacité de réécrire collectivement une nouvelle constitution et de participer à la création de nouvelles institutions pour préparer l’avenir.

Vivre ensemble réclame des individus responsables et des citoyens avertis qui apportent leur pierre à la communauté.

Des pistes de réflexions

La première question que nous pourrions poser est celle de l’évolution de nos mentalités et de nos comportements qui n’accompagne pas au même rythme celle de notre avancée technologique.

Le 21e siècle bascule à l’évidence dans un environnement mental et culturel qui rompt avec ce que nous avions connu dans le précédent où « la toile », ce progrès technologique majeur, n’existait pas. Nos rapports au monde et à l’autre s’en trouvent radicalement modifiés et nous devons prendre en compte cette avancée qui nous ouvre aujourd’hui des perspectives totalement nouvelles et illimitées.

Pour sensibiliser les citoyens, il y a besoin d’une vision globale claire, d’un projet politique volontaire et audacieux, d’un modèle de société et d’une nouvelle architecture politique dans lesquels chacun pourrait se retrouver et agir en toute connaissance de cause : à l’échelle locale, régionale, nationale et européenne.

Il y a aussi un besoin de changer l’art de gouverner et de réformer l’État, de repenser la place et le rôle de nos institutions et de ses fondements constitutionnels, d’insuffler de l’oxygène et de la créativité à la démocratie, de la faire mieux respirer par la création et la mise en œuvre denouveaux lieux et de nouvelles formes de gouvernances qui remettent de l’humain au cœur des processus de décisions politiques qui le concernent.

Dans ce contexte, la question du choix des valeurs sociétales et politiques qui doivent nous guider est essentielle. À ce titre, les excès du capitalisme financier et de l’économie de marché seront aussi à l’ordre du jour. Nul ne peut en effet nier les limites de l’argent virtuel et de la déconnexion grandissante entre finance et production. Dans un monde où l’économie n’est plus au service de l’intérêt général, on y constate la dégradation inexorable des conditions de travail et de vie, le délitement progressif des solidarités, le repli sur soi et la disparition rapide des valeurs essentielles du vivre ensemble – liberté, entraide, bonheur, espoir, démocratie – qui sont au fondement même de la civilisation.

Remodeler et moderniser la démocratie

Vivifier et moderniser la démocratie réclame de ne plus retomber dans une nostalgie du passé, ni de recourir aux archaïsmes, aux préjugés et aux mauvais conservatismes.

Un peu de lucidité et d’observation critique suffisent pour constater les processus de délitement et de régression démocratique auxquels nous sommes confrontés ; concomitamment le déficit de pensée gagne aussi une grande partie de l’échiquier politique, lequel pour le compenser, voudrait par des opérations de « com », nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

Notre exigence d’indépendance nécessite ici une vigilance accrue et notre démarche ne vise pas à produire du consensus dans une unité idéologique néolibérale de droite, de gauche ou du centre, comme le pratiquent une majorité des Think Tanks parisiens de tendance diverses.

« Un espace public légal qui méconnait trop souvent l’espace réel ».

A contrario, nous souhaitons « faire sauter des verrous », générer des réels dissensus et faire émerger les antagonismes politiques où la question du pluralisme démocratique et de la reproduction de l’ordre social est prégnante.

« Il s’agit bien de créer de nouveaux lieux, de nouveaux liens ; d’inventer de nouvelles formes de démocratie et d’expression, de nouveaux outils de contrôle et de veille citoyenne ; d’imaginer et d’expérimenter de nouveaux modèles, d’élaborer de nouvelles solidarités et de nouvelles valeurs, de nouvelles identités et de nouveaux paradigmes aptes à restaurer la confiance, l’espérance et l’engagement pour une nouvelle dynamique qui mobilise les citoyens. »

Dans ce contexte, créer et inscrire dans l’espace public un laboratoire citoyen et ouvert d’idées, de projets et d’actions véritablement indépendant et dégagé des appartenances partisanes constitue sûrement une gageure ; et se tenir en effet à bonne distance du théâtre politico-médiatique nous paraît une condition salutaire pour secouer avec efficacité le cocotier des idées, des mensonges, des manipulations et des mauvais conservatismes.

Ne pas être une « courroie de transmission » d’une idéologie, d’un parti, d’une tribu, ou le relais de factions, de clans ou de chapelles nous permet aussi d’inscrire une approche singulière, voire unique dans l’espace public et le paysage actuel des clubs et laboratoires d’idées.

Nous avons la conviction que l’écoute, la créativité, l’humour, l’indépendance d’esprit et l’ouverture à l’autre caractériseront Europe Créative et le rendront vraiment crédible et attractif, impertinent et utile pour le débat public et la démocratie.

Texte rédigé par Rémy Degoul à Paris VIX en février 2011
(Corpus de texte revu et corrigé avec le concours de Charlotte Brochoire)

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