Société de consommation : l’authenticité est une valeur qui revient au galop


La société de consommation aurait-elle envahi le rapport à l'autre, grisés que nous sommes par les nouvelles technologies, et illusionnés que nous sommes par la facilité à entrer en contact avec autrui sans se mettre en danger, évitant l'engagement et se donnant la possibilité d'effacer toute trace de relation passée si besoin.

Oui, il y a de cela, peut-être. Mais je ne suis pas aussi sévère avec la société dite de consommation qui apporte et qui a apporté, quoique l'on dise, de nombreux conforts et réconforts à la masse, y compris la plus pauvre.

Je pointe davantage du doigt l'absence de l'école : ses défaillances sont nombreuses dont une qui est essentielle, ici, apprendre à penser par soi-même. Le libre arbitre est l'un des biens les plus précieux. Seule la culture avec un c ou un C nous permet d'apprendre à raisonner en soi et pour soi.

L'essor du web a permis de formidables accès à des champs de connaissances jusqu'ici inaccessibles à beaucoup. Le revers de la médaille est qu'il peut s'ensuivre une sorte de léthargie ou de paresse devant tous ces possibles à portée de main en un clic. Qui lit un livre ? Se l'approprie en silence en soi ? Le fait résonner et raisonner ? Lui permet de faire éclore des richesses intimes ? Plus beaucoup. Pas assez.

Pour le reste, en effet, on constate que les couples se font et se défont très vite. Parfois, c'est un bien car la "pioche" n'était pas bonne. Parfois, c'est traumatisant car on n'apprend plus à construire quelque chose dans le temps, à laisser faire le temps. Le diktat de l'apparence est omniprésent. Celui de la superficialité parfois trop aussi.

Ce qui est une bonne nouvelle par contre est que de plus en plus de personnes ont conscience de tout cela. Il y a énormément de gens chouettes mais soit ils se cachent, soit ils se formatent, en apparence seulement, au modèle dominant mais en tête à tête on découvre de véritables trésors : l'Humanité n'est pas morte, loin de là !

Certains diront que l''authenticité n'est plus une valeur qui se cultive en public. Qu'elle n'est pas à la mode pour utiliser une expression usitée. Selon eux, il n'y a plus de place pour le rêve. Les nouvelles technologies, le prêt à penser et la consommation rapide des concepts occupent le terrain. Ces facilitateurs de vie ne sont pas à blâmer bien au contraire, précisent-ils. Ils regrettent juste qu'ils n'étaient pas été livrés avec un mode d'emploi philosophique en plus du mode d'emploi technique.

Par conséquent, oui, l'éducation doit prendre le relais. Mais face à une école démissionnaire, des parents souvent dépassés ou permissifs ou débordés par leurs propres contraintes, le vide de sens n'est pas comblé. Les séparations favorisant les familles monoparentales ne permettent pas de le remplir. En effet, à deux parents c'est la course, mais seul ou seule, la contrainte temps est deux fois plus importante. Dès lors, il faut innover, créer, imaginer d'autres façons de transmettre le rêve, notamment à travers la lecture.

D'autres, et parfois les mêmes, iront jusqu'à dire que seuls les quadras, et au-delà, ont la chance d'appartenir à une génération d'un autre temps qui leur permet de savoir qu'un autre postulat de vie est possible. Et qu'il leur appartient de faire la synthèse pour apporter le meilleur.

Pour ma part, je suis convaincue que l'authenticité est une valeur qui revient au galop. Et chez tous, quelque soit la génération ou le genre. Les gens sont écœurés par le bling bling, les abus de tout ordre, la corruption, les privilèges trop omnipotents.

Le retour de l'éthique, de la simplicité et de l'authenticité sont les valeurs de demain : les gens les appellent. L'entreprise et ses multiples dérives y contribuent aussi fortement. Il y a saturation.

Comme dans tout, quand il y a excès d'un côté, le balancier se déplace progressivement de l'autre côté. Il faudrait éviter une sobriété clonée pour tous : c'est le seul écueil.

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